Le recyclage textile : mytho ou mine d’or ?

Selon les études ECO TLC, près de 40% des vêtements collectés en France sont recyclés, le reste étant réutilisé, c’est-à-dire principalement revendu à des friperies en France ou à l’international – nous reviendrons dessus plus tard.

Vu de loin, ce chiffre a l’air assez sexy et on se dit qu’un jour peut-être, le pull col en V déchiré dans lequel on sortait les poubelles le dimanche réapparaîtra – par la magie du recyclage – sous la forme d’un petit gilet tout mignon, tout neuf…

Que nenni !
Moins de 1% des tissus qui composent nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux.
Bon du coup, ça sent plus le mythe que la mine d’or cette affaire. Mais comme vous êtes curieux et nous aussi, on a quand même creusé le sujet… et la conclusion est surprenante ! 

1/ Le recyclage du textile : un processus complexe

Recyclage : n.m. Action de récupérer des déchets et de les réintroduire, après traitement, dans le cycle de production.

Contrairement aux idées reçues, le recyclage devrait se penser dès le design du vêtement – ce qu’on appelle l’éco-conception. L’objectif : utiliser des matières et des modes de production qui facilitent le recyclage du vêtement lorsqu’il arrive en fin de vie. Malheureusement, peu de fabricants réfléchissent en fonction de ce paradigme.

En effet, tous nos vêtements sont constitués de fibres issues d’une multitude de matières (naturelles, artificielles, synthétiques) qui ont subi différents traitements (teinture, apprêts) tout au long de leur production avant d’arriver sur les cintres de nos boutiques préférées.

Ces différentes modifications – détériorations ? – de la qualité de la fibre rendent le recyclage des vêtements plus difficile. Notamment depuis les années 2000 avec la percée de la fast fashion et de l’utilisation de matières premières moins onéreuses.

Plus difficile certes, mais pas impossible !

Étape 1 : le Tri

Le seul et unique objectif de cette étape – et sa difficulté – est d’isoler efficacement la matière la plus qualitative. Ce travail minutieux est aujourd’hui réalisé principalement à la main (par nos « princesses ») et représente un coût très élevé avec un volume « recyclable » beaucoup trop limitée.

Bonne nouvelle : pour développer la filière, les opérateurs commencent à installer des machines de tri automatiques (lecteur optique, laser…). Cependant, ces investissements sont chers – donc rares – et nécessitent de traiter de gros volumes – on vous en parlait par ici.


Étape 2 : le Recyclage

Une fois le tri réalisé, what’s next?

En fait tout dépend de la matière que nous avons à traiter.

Par exemple, le recyclage mécanique du coton est maîtrisé, mais les fibres de coton recyclé ont la caractéristique d’être plus courtes et donc de nouveaux vêtements ne peuvent contenir que 20 % de fibre recyclée…

En revanche, la laine peut être recyclée plusieurs fois et il est possible de transformer du coton en une matière proche du lyocell (fibre artificielle) avec une cellulose recyclée.

S’agissant des textiles à base de fibres mélangées du type coton, polyester, élasthanne, elles sont plus difficiles à recycler car les procédés ne sont pas les mêmes selon les fibres qui ne peuvent être recyclées chimiquement sans être séparées au préalable.

CONCLUSION : les solutions de recyclage en boucle fermée sont donc encore inefficaces.

Industrialiser un processus de fabrication de matières recyclées aussi rentable que celui des matières vierges nécessite encore un fort investissement en recherche et développement.

Heureusement au regard de l’enjeu environnemental – et économique – que représente le recyclage de textiles, un grand nombre d’entreprises travaillent à la création de procédés efficaces – et rentables.

Affaire à suivre…

Rendez-vous dans un prochain article pour découvrir l’upcycling, l’avenir du recyclage !

Sources :

Fast Fashion is creating an environnemental crisis, Newsweek, 2016.

L’économie circulaire dans l’industrie textile, 2018


Par Alexis