Fashion Pact : un coup d'épée dans l'eau ?!

Vous en avez certainement entendu parler, peut-être l’avez-vous lu ?

Bref, lundi dernier (26/09/19) pendant le G7 à Biarritz, emmenées par François-Henri Pinault (PDG du groupe de Luxe Kering et mandaté sur le sujet par le Président Emmanuel Macron au printemps dernier), ce n'est pas moins de 150 marques (y compris H&M et Inditex) qui se sont engagées dans une démarche durable globale en signant le Fashion Pact.

1/ Le Fashion Pact pour les nuls 


Au total, 16 axes stratégiques ont été définis par le comité de pilotage, chacun s’inscrivant dans l’un des trois champs d’action prioritairement définis à savoir :

  • le respect de la biodiversité
  • la protection des océans 
  • la limitation de l’impact climatique 
L’objectif majeur de ce pacte : réussir une "juste" transition pour réduire à zéro les émissions nettes (eg. y compris mesures de compensations) de gaz CO2 d’ici 2050, soutenu notamment par le recours à 100% à des énergies renouvelables sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement d’ici dix ans.

À plus court terme, l'ensemble des signataires se sont engagés à supprimer l'utilisation de plastiques à usage unique (ie. notamment pour les emballages) ou exclure le recours à des matériaux issus d'élevages intensifs. 

En première lecture, le document est plutôt satisfaisant. Comme le dit justement Brune Poirson, la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire :

"C'est première fois que l'industrie textile s'intéresse à la préservation de la biodiversité et de la nature". On notera la différence entre s’intéresser et s'engager...

D'ailleurs, en dehors des recommandations, aucun plan d'action commun n'est détaillé, chaque marque disposant de ses "propres spécificités et états d’avancement"...🤔🤨



2/ Aider la planète, c'est bien !


Chez Redonner, nous soutenons et adhérons pleinement aux engagements pris : « atténuer le changement climatique et s'y adapter », « infléchir la courbe de la perte de la biodiversité d'ici dix ans » et « protéger les océans ».
En revanche, nous sommes circonspects sur les ambitions des signataires tant le document élude une partie du problème en se focalisant essentiellement sur l’éco-conception (ie. intégrer la protection de l'environnement dès la conception du vêtement) comme principal remède pour limiter l’impact de la filière textile sur le climat, la biodiversité et les océans.

Or, il apparaît aujourd’hui évident que l’émergence d’une « mode responsable » passe nécessairement par une transition vers une économie circulaire. 

De fait, il ne faut pas chercher à optimiser l’utilisation de ressources naturelles (par définition limitées) mais plutôt revoir l’ensemble des processus utilisés par la filière textile.

3/ Sauver la planète , c'est mieux !


Pour rappel, l'économie circulaire vise à découpler la création de valeur de notre impact sur l’environnement.

Elle implique la mise en place de nouveaux modes de conception, de production mais plébiscite aussi une consommation plus sobre et efficace.

Et surtout, elle invite à considérer les déchets comme des ressources.
En soi, rien de très nouveau puisque lors du Fashion Summit de Copenhague en 2017, 143 marques (dont celles signataires du Fashion Pact) s’étaient déjà engagées et avaient défini des objectifs pour:

  • Mettre en œuvre une stratégie circulaire pour la création (éco-conception)
  • Augmenter le volume et le traitement des vêtements usagés collectés
  • Augmenter la part de revente des vêtements déjà utilisés
  • Utiliser des fibres textiles recyclées, d’ici à 2020

Sachant que seulement 8% des enseignes placent le développement durable au cœur de leur stratégie en 2018 (étude IFM), on n’a pas forcément l’impression qu’il se passe grand-chose une fois les effets d’annonce passés. 

Bref, d’aucun dirait que l’industrie textile tourne en rond, un comble, non ?

Heureusement, et comme toujours, le « client est roi » et bonne nouvelle nous devenons de plus en plus vigilant sur le positionnement des marques vis-à-vis des enjeux sociétaux et n’hésitons pas à changer de marque si celle-ci ne correspond plus à nos « valeurs».

Nécessité faisant loi, les enseignes vont devoir évoluer et intégrer les principes de l’économie circulaire dans leur modèle pour continuer à attirer des clients, Fashion Pact ou pas …

 

Source : Étude de l’Institut Français de la Mode (2018)


Par Alexis